Ok. Je l'ai fait. Mais par où commencer? Par le début bien entendu mais il y a tellement de chose à raconter, tellement d'émotions vécus, tellement de détails que je n'arriverai pas à décrire tellement c'était si intense. Je vais donc essayer de me rappeler le plus possible, de ne rien oublier et d'essayer de vous faire vivre dans le moindre détail... mon premier marathon.
Je vous épargne tout le stress que j'ai eu pendant la semaine. En fait vous le savez que j'ai été bien nerveuse, car je vous en ai fait par tous les jours jusqu'avant mon départ. MAIS CRISSS que c'était stressant! Au point, d'être malade, de ne pas dormir, de ne pas digérer mes repas... j'ai eu les mains froides presque 90% du temps!!!
La veille du marathon, je suis au resto avec ma partner et nos chums (qui nous encourage toujours). On se commande des pâtes aux fruits de mer (que j'ai roté toute la soirée). Mais au moins c'était des pâtes donc c'était des glucides et ça il en faut avant la course. Donc du pain, des pâtes... pas de vin (bouuuuuuuu) et pas de dessert (rebouuuuuuuu).
J'ai comme un sourire nerveux... (je suis à droite)
22h30 : il est temps de faire dodo. Il faut d'obliger car on se lève vers 4h30 du matin. Les hommes sont partis prendre une bière, donc c'est calme dans la chambre. J'ai quand même réussis à faire dodo assez rapidement (avec un peu de stress crime)... et je me suis réveillée une coupe de fois pendant la nuit mais je me suis toujours endormie très rapidement. À 4h40 je me réveille, ma chum est déjà réveillé... shit... j'ai les yeux dans le même trou. Je me dis ohhhh shit dans quoi je me suis embarquée. Les deux hommes dorment (gang de chanceux) et nous faut se lever. Je regarde dehors oh shit encore... de la pluie. Bah c'pas grave, anyway je vais courir pareil et je peux rien changer. On mange (par obligation) nos fruits frais, pain au beurre de peanut, jus d'orange.... 1/2 barre de protéines... burc je vais vomir j'ai mal au coeur. J'ai tellement pas faim surtout pas à cette heure-là et SURTOUT pas à 5h du matin!!! 5h40 je m'habille avec mon kit lulu.... Le stress augmente un peu plus mais ce n'est pas le même stress que j'ai eu depuis toute la semaine. C'est un stress bizarre.... mélangé avec de la peur... je ne sais pas ce qu'il va arriver.... j'ai peur tout simplement.... 6h15 on réveille les hommes..... 6h30 on part....Quand je vais revenir dans ma chambre d'hôtel, j'aurai couru mon marathon....
On arrive sur le site à 6h45. Le départ est prévu pour 7h. J'ai juste le temps de marcher jusqu'au lapin 4:45, de donner mes bizoux à mon chum... de lui faire part de mes craintes... Il me dit ça va bien aller, je suis forte... j'ai les larmes aux yeux.... Je m'étire avec ma partner. Un beau gros 10 minutes... même pas. En fait un moment donné on a vu que ca y est, les gens partent! Mon coeur bat... je ne comprends pas ce qu'il se passe. En fait je comprends que ça commence mais tout va tellement vite que je n'ai pas le temps de stresser davantage.
On commence à marcher vers la ligne de départ. Je tiens la main de mon amie tellement fort. On se dit des bons mots, à quel point on est bonne, belle.... qu'on se rejoint à la fin... Je lui dis que je suis tellement heureuse de partager ce moment avec elle... (ça me rend émotive)... Maman... j'ai peur......
Ah zut! j'allais oublier! Mon chum m'a marquer un ti-mot sur la photo de famille que je porte sur moi et je lui ai promis que je le lirai avant la ligne de départ. C'est le moment viiiiiiite!... Je lis le message.... j'ai encore les yeux pleins d'eau... seigneur pourquoi je suis émotive de-même??? Quand j'ai plié la photo à "je t'aime xxx" j'ai fermé les yeux et je me suis promis d'arriver à la fin avec le sourire pour le rejoindre.
ÇA Y EST! On passe sur la ligne de départ. BIP j'appuis sur mon bouton de ma montre. Le chrono est commencé. C'est partie. On commence à courir. Je me répète dans ma tête (et j'entends ces mots venant des autres coureurs à côté) "ne pas courir trop vite au début". C'est vrai... il ne faut pas que je l'oublie. Ne pas courir trop vite... ne pas courir trop vite.... Trouve un bon beat melan... Ne pas courir trop vite. Je suis mon amie. On cours à la même vitesse. Au bout de 500m après le départ, on croise nos amoureux. Je suis prise dans un mélange d'excitation, d'angoisse, de stress et de HAAAAAAAAAA. J'envoie la main... ça donne ça (vraiment flou mais c'est le résultat.... ah oui je suis en bleu-turquoise)...
De 0 à 3km, j'ai couru avec ma chum... Ça a été pour moi sécurisant de ne pas être seule. J'ai aimé courir avec quelqu'un à mes côtés... surtout quand c'est pas n'importe qui. Au km 4, on a commencé à se distancer. J'étais derrière. Je me répétais sans cesse "ne pas courir trop vite....", et c'est ce que j'ai fait. J'étais pogné entre un mélange de "je veux courir aux côtés de mon amie" et de "ne pas courir trop vite"... C'est un marathonien qui faisait son 7ième marathon hier qui m'a donner ce conseil. Alors je l'ai suivit (une chance, car ça m'a sauvé). Mon amie était habillé en jaune donc il était facile pour moi de la voir de loin. C'était comme si je courais avec elle, même si 20 secondes nous séparait. Il fallait que je me concentre sur la manière que je cours, la vitesse... il ne faut pas regarder les gens qui nous dépassent, les gens qui marchent... Il ne faut pas se comparer. Je me fait une genre de bulle en montant le son de mon ipod. Je suis seule. En fait je me sens seule mais en même temps je me dis "ben non! ton chum est là-bas! va le rejoindre".
Mon chum... il a été dans ma tête tout au long de ma course.... Sans lui, j'aurais eu de la misère....
Kilomètre 5 : Je me sens très bien. Le ciel est gris, mais il ne pleut pas. Il y a beaucoup de gens dehors qui nous encourage. Je me dis oufff j'ai pas fini. Je me retient pour ne pas calculer le nombre de kilomètre qu'il reste et j'ai bien fait de m'obliger car sinon j'aurais baissé les bras. Du moins j'aurais été down un peu.... "Il reste 37km lâche pas!" Hishhh pas sur que ça remonte le moral....
Kilomètre 10 : Ça va bien. Je viens de commencer mes jellybean tranquillement, un par un, en prenant une gorgée d'eau à chaque fois. Et je mixte ça avec une gorgée de gatorade à chaque 500m. Est-ce que j'en prend trop? Je sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'il commence à faire chaud en titi et que j'ai pas fini ma course..... ouffff Mais côté moral, ça va. Mes jambes top shape. Go on continue. Ma chum prend de l'avance. Elle s'éloigne de plus en plus, mais je l'a vois toujours alors c'est réconfortant. À chaque pas que je fais, je me dis qu'elle vient de passer là. Je me sent bien et c'est ça l'important. Je cours pas vite... en-dessous de ma vitesse à moi. Mais je m'en fou. J'essaie de m'imaginer entrain de courir encore 32km à cette vitesse et je pense que ça va. Mais tsé... quand tu n'as pas d'expérience, qu'est-ce que veut dire "ne pas courir vite au début". D'ailleurs, "au début"... c'est quoi... 5km???? 10km??? 21km???? Aucune idée. Depuis le début j'ai gardé la même vitesse et ça va bien alors je l'ai gardé.
Kilomètre 16 : Crotte... j'ai un nouveau symptôme qui vient d'apparaître. J'ai une barre dans l'estomac. Pas un point, UNE BARRE!!!!! Je respire calmeeeeeement... Je prends de bonnes inspirations/expirations. Je cherche sur mon ipod une toune lente pour m'aider. Est-ce que je prends trop de jellybean? de gatorade??? trop d'eau? je sais pas.... :((( C'est un peu souffrant mon truc...
Kilomètre 21 : Ça va bien c'est surprenant. Je suis surprise de voir que je suis aussi bien dans ma tête, dans mon corps (sauf ma barre... moins pire mais toujours présente), dans mon coeur... même le choix de musique de mon ipod shuffle est excellent. youpiiiiiiiiiiiiiiiiii La moitié est fait. Je suis bien. Je ne suis pas stressée. Je n'ai pas le temps de stresser en fait. Je vois toujours mon amie... elle est là-bas en tout petit... Le tout petit point jaune c'est elle... et ce petit point se retourne parfois pour m'envoyer des babayes. Ça m'encourage encore. Je ne perds pas espoir. J'essaie vraiment de trouver une certaine paix à l'intérieur... au lieu de penser à tout plein d'affaire... je veux juste reposer ma tête et courir..... Arrêter de penser à la manière que je vais courir. Je veux en profiter, avoir du fun. J'en profite pour regarder partout autour de moi, de regarder les gens qui courent avec moi.... Les gens courent pour différentes raisons. Une dame courait pour une personne qui est décédée. D'autre pour le cancer, le diabète, pour toute sorte de raison. C'est amusant de voir toutes les raisons.... au moins ça permet de penser à d'autres choses et le temps passe plus vite.
Kilomètre 28 : QUOI???? j'aperçoit ma chum LÀ, devant moi! Elle est environ à 15m de moi! Je ne veux pas augmenter ma vitesse car j'ai peur de vider mes réserves d'énergie. Mais en même pas 2min je l'a rejoint. Elle fait le saut quand elle me voit! Je lui demande si ça va et bien non, ça va pas. Elle commence à avoir mal aux genoux. Crotte.... Je lui souhaite bonne chance, je vais continuer mon chemin. Du 3ième au 28ième km, je suivais le petit point jaune... Maintenant, qui je vais suivre? C'est bizarre. Je m'étais habitué. Je me retourne aux 5 minutes pour voir si mon p'tit point est là. Elle est là.... Et puis je ne suis pas seule... la pluie vient de commencer. Si ça peut éteindre le feu qui est sur mon visage. Dehors il fait pluvieux, 17 degré. Humidité 100%. J'ai l'impression qu'il fait 40 milles degré!!!!!!!!!! Quand je vois des points de ravitaillement d'éponges, j'en prend 3. Une pour mettre sous les bretelles de mon top sport dans le dos, et les 2 autres je les garde dans mes mains et je m'arrose le visage et le dos. J'ai chaud... terrible....
Kilomètre 29 : Ça va bien. Un monsieur vient de vomir sur le côté. burc.... Quelques mètres plus loin je vois la bandrole annonçant le 30ième km. Je suis émotive à nouveau. Je n'augmente pas ma vitesse. Tout ce que je me dis c'est qu'au-delà de ça, ce sera de l'inconnu, du nouveau. Je n'ai jamais couru plus de 30km. Je passe le 30ième km à 3h12. Je trouve que c'est bon. Je voulais le faire sous les 3h15 et c'est réussie. Quand je me met à trop penser, j'ai envie de pleurer. Je dois me retenir. Je suis forte. Continue.
Kilomètre 30 : C'est malade. Juste WOW! Les gens qui sont présent. Il y en a tellement! De nouveaux coureurs viennent s'ajouter à nous : les demi-marathoniens. C'est vrai qu'ils vont vite, ils sont de bonne humeur, tous très heureux, et nous, les marathoniens, on a l'air d'avoir tous un éléphant sur nos épaules. On fait la baboune. Je trouve ça un peu démoralisant surtout lorsque quelqu'un passe à côté en t'accrochant l'épaule en te disant "ho sorry" et en flyant à du 12km/h pendant que moi je pousse, je donne tout pour continuer sans arrêter. Parce qu'à date je n'ai pas arrêté et je suis encore bien. La fatigue commence à se faire ressentir et c'est pour ça que ça m'énarve de me faire accroché par... entk....
Kilomètre 35 : C'est le plus beau moment de ma course. Je cours sur le bord du canal Rideau. C'est beau (mais pas de tulipes). J'ai de l'eau de pluie dans le visage. Ça me rafraîchie, j'écoute ma musique, je n'ai AUCUNE douleur ni raideur. Je prends conscience que je n'ai plus ma barre. Depuis 5km, les gens arrêtes, marchent.... je tient le coup. Je suis bien. C'est à ce moment que je prends conscience que je vais réussir mon marathon. Je vais l'avoir ma médaille. Et c'est là que je prends conscience que je peux réussir mon marathon sous 4h30. J'en profite pour verser quelques larmes de joie. Je suis tellement bien. Je plane de bonheur. (j'écris ces lignes et je suis encore émue)... Je n'ai jamais autant aimé courir sous la pluie. Les gens sont mal-en-point... Je suis encore sur mes 2 pattes. Est-ce que c'est possible que je cours jusqu'à la fin? oui très possible... GO MÉLAN GO!!! Il t'en reste 7!!!!!!!!!
Kilomètre 37 : Shit.... j'ai 2 muscles sur le côté des cuisses qui me font mal... mais ça s'endure. Je pense que marcher 30 secondes (pas une sec de plus!!!) va m'aider. Je marche. J'ai l'impression que je marche écarté, c'est bizarre. C'est sur, ça fait 37km que je cours sans arrêter. J'en profite pour me masser les cuisses en même temps que je marche. J'ai l'impression que ça fait du bien. Entk je peux vous dire que 30sec ça passe vite en chien. Retour à la course. C'est pire. Shit. J'ai fait une gaffe en arrêtant je crois. Mais je m'en fou car je suis bien. J'ai repris le même rythme que j'ai eu pendant toute la course. Mais honnêtement ça va bien. Je sent les deux muscles, ça ne brûle pas. Je les sent... c'est tout.... Mais je me dis d'la marde! il t'en reste 5! Pense-y pu! Et c'est là que je me jure de ne plus arrêter jusqu'à la fin. DEAL.
Kilomètre 38-41: Deal brisé. Ouin... J'ai arrêté 30 sec encore. En fait, j'ai arrêté 5 fois (30sec à chaque fois) jusqu'au kilomètre 41. Ensuite, ça sert à rien d'arrêter. On est rendu! Je me parle dans ma tête. Je me dit Go go go go go go go go go go go pour ton chum, ton amie, tes enfants (ouff pas facile de penser à ses enfants lorsqu'on est si émotive), ta famille, tes amis, les gens qui t'aiment....
750m : Je me dis esti c'est fait. Je regarde ma montre 4:33. J'augmente le rythme de ma course. Un tout petit peu. Je regarde en arrière voir si je vois mon amie... non elle est pas là... Je souhaite de tout mon coeur qu'elle soit ok.... qu'elle est juste là, pas loin, et que je suis trop faible pour la voir.
500m.. Je suis de plus en plus émue, je respire de plus en plus fort, je cours de plus en plus vite (en fait ça me parait vite mais je ne sais pas exactement à combien de km/h je courais...)...
400m... J'aperçoit au loin les pancartes 300m.... 200m.... 100m... FINISH. C'est là! C'EST LÀ!!!!!!!!! J'attends d'être à 100m avant de sprinter. 300m.... 200m.... Mon chum est là... je ne le vois pas. Je suis dans ma bulle. Tout ce que je veux c'est franchir la ligne d'arrivée. 100m GO FONCE!!!!!!!!!!! C'est ce que j'ai fait! Je pousse des sons étranges.... je ne sais pas ce qui s'est passé. Et puis je passe sous la bandrole 42km... Les bras dans les airs.... La première chose que je fais c'est de pleuré. Je pleurais tellement. Et puis pendant 10sec j'ai suffoqué.... j'arrivais pu à respirer.... Par chance tout est revenu mais ça m'a fait peur. C'est une grosse boule d'émotion que j'ai vécue. Je n'ai jamais ressentie ça de ma vie. On me donne un papier d'aluminium géant sur mes épaules, et puis la médaille dans mon coup (je me rappel à ce moment que j'ai répondu à la tite dame "thannnnnk youuuu" avec la morve au nez et entrain de brailler.... Je planais!!!!! Que du bonheur.... C'est incroyable... J'ai fini avec un chrono de 4:36! Je suis super contente pour un premier marathon.
Lorsque j'ai vu Dan, j'ai eu encore de la force pour courir vers lui, de lui sauter dans les bras, et j'ai pleuré tellement pleuré..... "Tu l'as fait!" ... c'est ce qu'il m'a dit.... Et moi je lui ai répondu "shnifff rhnnnnnn" avec un restant de morve sur son chandail....
Je suis satisfaite. Je recommencerai un marathon n'importe quand. C'est le plus beau jour de course de ma vie! Incroyable..... Je ne pensais pas que c'étais si hot que ça.
Maintenant je peux enfin le dire... Moi, Mélanie, j'ai couru un marathon :)
Et je me suis gâtée pendant le reste de la journée : jujubes, vin, repas cochon et géante rita coronita
Félicitation! Quel récit émouvant! Bienvenue dans la belle grande famille des marathoniens :)
RépondreSupprimerWow, j'ai les yeux humides rien qu'en te lisant ! :-) Bon, ben j'ai 2 marathoniens d'enfants :-D
RépondreSupprimerQuel beau récit! Très vivant et touchant. Je suis aussi devenu marathonienne l'automne passé à Niagara Falls (il y a d'ailleurs un court récit de mon aventure sur le blogue de mamanmarathonienne)... Tu m'as rappelé une tonne d'émotions... Bravo, bravo, bravo!
RépondreSupprimerMerci! C'est tellement une belle expérience et c'est à revivre encore et encore!!! :)))
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